J'avoue être un peu surpris de la teneur de l'article publié récemment sur le site du député Stéphane Claireaux quant à l'ambition de l'Université de Bretagne Occidentale (UBO) d'implanter un centre de recherches marines sur l'archipel.
Non pas que le sujet ne soit pas d'intérêt, bien au contraire, je suis favorable à ce qu'on s'intéresse de près à la recherche. J'ai d'ailleurs évoqué ce dossier avec le Premier Ministre Justin TRUDEAU.
Ce qui me gêne profondément, c'est la méthode utilisée qui est encore une fois très symptomatique d'une volonté de Paris de centraliser les choses, de tout verrouiller sans les acteurs locaux et je m'en explique.
Tout d'abord j'aimerai dire au député Claireaux que faire venir des scientifiques c'est assez simple quand il suffit, et je le cite expressément, que "les autorités du territoire doivent elles s’organiser pour assurer la logistique, comme les locaux nécessaires à l’accueil et au fonctionnement de la plateforme, les facilités d’hébergement ou encore de transport.".
En résumé, c'est assez souvent la même chose : à quoi sert-il d'avoir de brillantes idées, un député LREM et une ministre de l’outre-mer, si c'est pour venir présenter systématiquement la facture aux autorités locales ?
Peut-on parler dans ce cas de co-construction , mot que j'entends souvent dans la bouche de la ministre de l'outre-mer, quand les mêmes autorités locales (Mairies et Collectivité) ne sont pas associées aux réunions de travail ? Le gouvernement était présent, le député aussi et le Préfet Devimeux...
C'est dés le début des discussions que ces sujets doivent être traités par tous les acteurs concernés.
Je crois profondément, au-delà du sujet qui est très intéressant, qu'il y a un vrai problème de méthode. Co-construire c'est emmener des partenaires dans une aventure que l'on écrit ensemble au fur et à mesure mais certainement pas quand on travaille de son côté en présentant en été 2018, un dossier ficelé dans lequel on renverra les acteurs locaux face à leurs responsabilités. Il sera alors temps de dire : "j'ai proposé, j'ai initié mais les acteurs locaux n'ont pas voulu assumer ".
Je rappelle à cap sur l'avenir, dont font partie Stéphane Claireaux et Annick Girardin (qui en est présidente), que leur leader au conseil territorial vient de dire que le conseil territorial avait des finances catastrophiques il y a quelques jours. J'avoue que j'ai beaucoup de mal à suivre la cohérence des positions de Cap sur l'avenir, le peuvent-ils eux-mêmes...?
Comble de cette centralisation jacobine, et j'assume parfaitement ces propos, il est proposé que le préfet s'adjoigne un chargé de mission qui, et je cite encore le député, pourrait "faire l’interface entre les autorités locales et le monde de la recherche". En résumé, payez et l’Etat supervisera …
Il y a deux voies possibles pour ce dossier de mon point de vue :
1. l'Etat qui, avec le député et la ministre, assument cette ambition et je comprendrai que l'Etat paye tout et en conserve le contrôle (il y a une logique),
2. l'Etat, le député et la ministre, présentent comme je le pressens la facture aux autorités locales (lesquelles à votre avis ?) et dans ce cas le pilotage ne peut pas revenir à l'Etat, il ne peut être que local car je suis assez partisan du "qui paye décide". D'ailleurs, la collectivité s'est adjointe pour 3 ans les services d’un enseignant Saint-Pierrais de Nancy, justement pour faire ce travail d’interface avec le monde scientifique.
Nous verrons comment ce dossier scientifique avancera mais je n'arrive pas à comprendre la méthode utilisée.
Il est fini, de mon point de vue, le temps où les politiques voulaient s'arroger le monopole d'un dossier.
La vraie force des leaders du XXIème siècle est dans la capacité à réunir les acteurs dès le début de l'aventure dans un objectif commun et de les emmener jusqu'au bout, ensemble. Ce concept semble difficile à mettre en œuvre.