Ce mercredi 22 janvier, l'Assemblée Nationale a adopté, en lecture définitive, la loi organique interdisant le cumul des fonctions exécutives locales avec un mandat de Député ou de Sénateur à partir de 2017.
Il s'agissait d'une promesse du candidat Hollande qu'il a imposée non sans mal à toute sa gauche. Actuellement, 58% des députés et 59% des sénateurs sont des cumulards.
A Saint-Pierre et Miquelon, je suis le seul élu ayant une fonction exécutive (Président) à être favorable à l'interdiction du cumul des mandats, ce que j'avais exprimé lors du renouvellement de la Collectivité en 2012. Il y a assez de travail pour tout le monde et on ne peut raisonnablement pas être au four et au moulin, pour parler de manière triviale.
Ce midi, le Sénateur-Maire Karine CLAIREAUX a rappelé sur les ondes de SPM 1ère qu'elle était opposée à cette réforme qui est, de mon point de vue, une véritable avancée pour la classe politique.
Le Député Annick GIRARDIN fait partie des députés qui ont voté contre cette réforme, se raliant ainsi à la position du Sénateur-Maire.
Détail du scrutin public Assemblée Nationale 22/01/2014
L'un des arguments majeurs rappelé ce midi par Karine CLAIREAUX, concerne le fait qu'un Sénateur également Maire pourrait mieux défendre les dossiers de sa commune qu'en étant "seulement" conseiller ou adjoint (je déteste cette expression trop souvent utilisée, un élu est un élu quel que soit son rang). Sincèrement, à l'heure actuelle, cela ne semble pas flagrant à mes yeux en termes de retombées pour la commune, mise à part peut-être de la réserve parlementaire pour l'Echo des Caps.
Le discours du Député ne devrait pas être très différent en y rajoutant une dose de : "nous avons forcément une meilleure connaissance des dossiers locaux en détenant une fonction exécutive locale, ce qui nous permet de rester en contact...".
Tout ceci est étrange pour des élus qui clament haut et fort qu'il faut travailler ensemble pour faire avancer nos dossiers. Lors de scrutins nationaux, n'entendons-nous pas à chaque fois les candidats déclarer qu'ils défendront tous les dossiers, de toutes les collectivités ?
Les parlementaires auraient-elles tant de mal à faire avancer les dossiers d'une collectivité d'un bord politique différent au point qu'il faille une collectivité dans leur "portefeuille" ?
Souvent la véritable stratégie qui sa cache derrière le cumul des mandats tient à un fumeux calcul lié à l'élection sénatoriale puisque ce sont les conseillers municipaux et territoriaux (essentiellement) qui désignent le sénateur.
Le Sénateur-Maire est "tranquille" en 2014 car la loi n'entrera en vigueur qu'à partir des élections législatives de 2017, sans doute en raison de savants calculs politiques.
Pour la Collectivité, en faisant un peu de politique fiction, cela veut dire que Annick GIRARDIN pourrait briguer la Collectivité en mars 2017, y être élue et ensuite briguer la députation en juin 2017 (c'est ce qu'elle envisageait déjà en 2012) , y être élue. Elle serait alors obligée de démissionner d'un des postes, sans doute le plus exposé (la présidence de la collectivité) et laisser la place à un co-listier. En mars 2014, légalement, rien n'interdit à Annick GIRARDIN d'être tête de liste à la Mairie de Saint-Pierre au titre du mouvement Cap sur l'Avenir, qu'en sera-t-il ?
Personnellement, cette réforme sera donc intéressante pour Saint-Pierre et Miquelon car elle doit permettre l'émergence de nouvelles vocations. C'est en tout cas ce que tout élu de l'Archipel devrait appeler de ses voeux car l'avenir politique du territoire est entre nos mains, entre vos mains !